S h i f t R e q u i r e d <3

« Parce que c'est ainsi, je suis né des désirs de créer la perfection, je ne pouvais donc qu'être parfait pour exaucer les voeux des hommes. »

Et il faut l'avouer, c'est un fait. Il est de ceux qui sont très agréables à regarder. Sans être parfait, comme il le dirait, comme on lui a toujours répété, il est très beau. Comment ? De ses yeux, d'une innocence diffuse, effacée certainement, malicieux et d'un gris-vert éclatant ; De son visage, d'une douceur angélique, qui sait pourtant s'illuminer de sourires dignes des enfants de Satan, tentateur et provocant ~ Il n'est que ça, dirait-on. Comme tout les hybrides ici, il semble avoir été dessiné avant sa naissance, par un artiste excessivement talentueux ; Des joues rondes, un nez joliment recourbé et des lèvres douces, comme sa peau, rosées et minces. Sa peau, justement, blanche comme la neige, rien de plus classique quand vous n'avez jamais vu la lumière du jour, est sans imperfections, mais parsemée de quelques marques. Les attaques ne se sont jamais fait douces, quand on est un emmerdeur, gâté par les scientifiques, petit esclave, on se fait souvent détester par ceux qui ne veulent pas en être. Ou qui ne peuvent pas. Certains scientifiques, aussi, par de petits plaisirs, aimaient laisser leur marque sur cette toile qu'est son corps. Pour terminer le tableau, des cheveux d'une couleur assez improbable, dans le gris-bleu, des attributs félins, dont deux petites canines pointues et fines, une longue queue ondulant sans répits avec une lenteur calculée et ses oreilles de la même teinte que ses cheveux, un corps fin et une apparence des plus soignées qu'il puisse l'être ~
En bref ? À se damner ~

O n e - W a y ~

« Les uns diront que je ne suis qu'un vulgaire animal et les autres diront que je suis à coup sur mieux que tous. Je préfère cette dernière opinion à toutes les autres, de par mon narcissisme et certainement parce que c'est vrai. Je ne suis pas des petits idiots qui s'accrochent à leurs rêves de liberté, de ces animaux qui se battent et ne savent pas se contrôler. Je les méprise, certainement un peu oui, car moi je suis un dix. Je suis donc, par définition, le mieux qui se fasse, en matière d'hybrides. N'êtes-vous pas d'accord ? Enfin, les scientifiques l'ont toujours dit, c'est donc vrai. »

Par définition, les dix sont certainement les hybrides parfaits à l'utilisation propre d'un esclave, par leur soumission naturelle et leur respect excessif pour les humains ; Par définition, Ecstasy n'est rien de mieux. Ou du moins, en apparence. Tel le dix qu'il est, il se pliera à tout les désirs des humains. Cette logique s'inverse lorsqu'il s'agit d'un hybride. Ceux qui lui sont inférieurs, selon lui, ne méritent pas de sa bonté, dirait-il. Comme dit ci-haut, Ecstasy n'est rien de mieux qu'un esclave, en petit dix qu'il est, il ferait n'importe quoi pour le bien être de ses 'maîtres'... Mais en fait, il agit plus en profiteur qu'en esclave. Offrir ses douces attentions, son aide, son sourire ou même son corps, tout ça ne représente rien pour lui. Il a apprit, très clairement, qu'avec les humains il faut savoir se montrer gentil, si l'on veut recevoir quelque chose d'eux. Et de par cette logique, il n'en fit qu'une conclusion ; Qu'importe ce qu'ils me font, j'y gagne quelque chose. Combien de fois a-t-il évité les examens en se jouant un peu du sympathique petit scientifique qui s'occupait de lui ? Combien de fois a-t-il reçu des faveurs qui étaient refusées aux autres ? Assez pour qu'il soit détesté des autres hybrides. Il n'en a rien à faire, ils ne sont que des inférieurs, qui n'ont pas compris ~ Lui a tout compris, et il sait pourquoi il est là. 'Sa place' dit-il, n'est nulle part d'autre qu'aux pieds des humains, et c'est uniquement ainsi qu'il peut avoir tout ce qu'il veut. Et dans cette mentalité, agir ainsi est devenu une habitude, trop aisée certainement pour lui qui charme en souriant ~

N o - T r e s p a s s i n g !

« Le jour où la perfection est apparue, je jour où je suis né. Le jour où la perfection a vu ses créateurs, le jour où j'ai ouvert les yeux. Le jour où la perfection a su qu'elle n'était qu'un animal, le jour où l'on m'a nommé 01.12-M110. »

C'était le premier décembre. Il avait neigé, cette journée là, mais lui n'en savait rien. Il ne savait qu'une chose, c'est qu'il sortait d'incubation, et dans un monde duquel il ne comprenait rien, il ne savait rien. Innocent petit enfant qui voyait le jour, intrigué, curieux, et pourtant, déjà, il savait quelque chose. Par instinct, il savait ce qu'il était. Il avait ouvert les yeux en se demandant où il était, et quand il avait vu les hommes tout autour de lui, qui prenaient ses signes vitaux, il les avait refermés. Il n'avait pas voulu voir cette réalité durant quelques secondes, à peine, et les avait rouvert, ses pupilles vertes brillant sous la lumière synthétique du néon au dessus de lui. Il était là, vivant, et les humains autour de lui souriaient tous, fiers, échangeant des mots qu'il ne connaissait pas. Et pourtant, et pourtant, il avait vite compris qu'ils étaient ses maîtres. C'était ainsi, c'était comme ça. Bien rapidement, la pièce s'était allégée, quelques scientifiques étaient partis, ayant fini leur évaluation natale, et l'un d'eux était resté près de lui. Il l'avait longuement regardé, ses yeux parcourant le visage du jeune hybride qui venait de naître, jusqu'à ce qu'il finisse par lui parler. Ses mots, à lui, avaient été clairs. Comme magiques, ils l'avaient apaisée.

« Tu es parfait. »

Ces mots furent les premiers qu'il entendit réellement. Ceux qui suivirent n'eurent jamais autant d'importance et d'impact que ces trois petits mots. Il l'était, oui. Sans la moindre imperfection. Un spécimen dont les scientifiques rêvaient. L'homme se présenta comme étant celui qui était responsable de lui. Lionel. Il ajouta, finalement, qu'il l'avait créé, et qu'il lui devait respect et soumission. Sans qu'il ne sache pourquoi, encore une fois, ces mots eurent le même effet rassurant que les trois précédents. Évidemment, petit dix qu'il était, n'était bien que dans ces principes. Il le savait, ça aussi. D'instinct, dès la naissance.

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Et il vieillit dans cette chancelante douceur que lui procurait son statut de petit esclave. Ainsi, il s'attacha tout particulièrement à Lionel, ce très cher scientifique qui s'occupait personnellement de lui. Pas qu'il l'aimait, non, Ecstasy n'aimait personne, mis à part lui-même, peut-être. Et encore... Il s'était simplement attaché à lui, parce qu'il était celui qui s'occupait de lui. Il lui apportait sa nourriture, et il le chérissait étonnamment. Encore une fois, pas que l'homme soit amoureux de la petite boule de poil. Il voyait en lui une expérience presque trop parfaite, sa favorite certainement, et le fait que le jeune neko faisait tout ce que l'adulte désirait de lui ne faisait que l'attacher encore plus. Un lien assez dégoûtant, quand on y pense. Lionel était de ceux qui aiment bien les adorables petits Nekos, comme Ecstasy l'était, ils ne pouvaient que bien s'entendre. C'est d'ailleurs le beau jeune homme qui donna son nom au Neko. 01.12-M110, c'est bien valorisant, disait-il, mais franchement, ça s'appelle très mal. L'animal n'avait pas exactement bien compris, mais ainsi, le scientifique avait réfléchit à comment il pourrait le nommer, et finalement, il lui avait sourit, de ce petit sourire assez pervers que l'autre connaissait trop bien et avait lancé, fier de sa trouvaille ;

« Ecstasy ! »

À l'instant où l'humain prononçait ce mot, les oreilles du petit se relevèrent, comme s'il se sentait interpellé. Les petits comprimés qui faisaient se sentir bien, pensait-il. Ceux que Lionel prenait un malin plaisir à lui faire avaler, et qui le rendaient totalement fou. Il n'aurait su décrire dans quel état il se retrouvait exactement quand il en prenait, mais il ne savait qu'une chose, c'est que ce n'était pas mal. Le scientifique ajouta que le mot signifiait littéralement extase, ce qui, selon lui, le représentait bien. Parce que c'était ainsi, pour les scientifiques qui côtoyaient le neko, il n'était rien de mieux qu'un adorable petit jouet. Digne de l'extase, peut-être. Il n'en savait rien, il savait simplement que les comprimés le rendaient heureux, et que ce qu'il faisait avec les scientifiques les rendaient gentils et heureux aussi. La preuve, Lionel lui avait donné un nom ! C'est ainsi qu'il le voyait, du moins. Et c'est ainsi qu'il devint Ecstasy.

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Vous lisez ainsi son histoire en n'ayant qu'une pensée ; Pauvre gamin, il y croyais vraiment, à ce nom, à ces cachets qui rendent heureux, à ces gens qu'il rend heureux, à cette rassurante soumission comme unique solution de survie ? Oui. Il y croyait, au plus profond de lui-même, il voulait croire que Lionel l'appréciait vraiment. Non pas d'amour, mais qu'il le rendait heureux, au moins un peu. Qu'y pouvait-il ? C'était dans ses gênes, ça l'est toujours ; Vivre heureux n'est rien d'autre que rendre heureux celui ou celle duquel il est l'animal. Ainsi, il vécu toute sa vie. On lui apprit à parler, à lire et à écrire aussi, un peu, il se débrouillait bien. Une jeune scientifique lui apportait souvent des livres d'images de l'extérieur, et Lionel se plaisait, de temps à autres, à lui parler de ce qu'il y avait dehors, et de sa vie. Pas beaucoup, non, mais assez pour intéresser le petit animal.

Puis vint ce jour. Lionel semblait plus inquiet qu'à son habitude, et Ecstasy se pendait gentiment à lui, cherchant un peu son attention, allant ronronner dans son cou, tentant de le rassurer. Qu'avait-il ? Il soupira et sans crier gare, il tira le neko contre lui et le serra assez fort dans ses bras. L'étreinte dura un long moment, et Lionel se pencha vers l'animal. Demain, tout les scientifiques quitteraient le labo, et un horrible jeu débuterait. Ainsi, il lui expliqua tout ce qui se passerait, et ce qu'il risquait. Durant tout l'exposé, le neko ne songea qu'à une seule chose ; Il s'inquiétait pour lui. Et ça le rendait si heureux. Lionel était comme son maître et si il s'inquiétait, c'est qu'il l'appréciait.
Finalement, l'humain soupira. Il tapota la joue du petit pour attirer son attention, comme il le faisait souvent, et lui tendit un couteau. La lame était petite mais très effilée, c'était uniquement un couteau de poche, mais ça ne pouvait pas lui nuire. Il le posa dans les mains du neko et lui dit de s'en servir sans hésiter. S'il voulait le revoir.